Servante sur le plateau du Théâtre National de Chaillot © Patrick Berger

LE PROJET

À l’initiative du chorégraphe Dominique Dupuy, Silence(s) propose au spectateur curieux une expérience originale : interroger, observer, pratiquer le silence, les silences, en combinant ateliers, conférences, performances, déambulations… Portée par le Théâtre National de Chaillot, cette belle aventure se déroulera dans une vingtaine de lieux partenaires à Paris et ailleurs, de septembre 2016 à décembre 2017. Retrouvez le calendrier complet des « Jours de silence ».

Les 80 minutes d Acte sans paroles (que j’ai créé à Chaillot en 2014) ont révélé la puissance du silence, celui qu’impose Beckett à son héros muet, sans issue autre que l’encore, et sa possible dynamique. L’encore, à présent, c’est le projet Silence(s), lancé comme bouteille à la mer, attrapé au vol par Didier Deschamps, directeur du Théâtre National de Chaillot, et décliné par des « Jours de silence » comme une chaîne qu’une vingtaine de structures vont tramer d’événements autour de la littérature, la philosophie, la science mais aussi les arts, dont on espère qu’ils nous donnent la mesure de ce que le silence, les silences, peuvent être pour nous dans la lancinante cacophonie du quotidien comme dans le terrible tumulte où le monde est aujourd’hui plongé. Un silence de vie. Comme Prouhèze le fait de son soulier de satin à l’orée du chef-d’œuvre de Paul Claudel, nous confions cette aventure de plus d’une année de « Jours de silence » à l’objet le plus mystérieux de la scène du théâtre. Dans ce lieu où résonnent tant des plus beaux cris d’amour comme de haine, tant de sonorités d’anges ou de démons qui font vibrer l’air, les murs et les cœurs de ceux qui jouent comme de ceux qui les regardent, au moment où tout s’éteint, dans le profond silence qui fait suite aux tapages et aux gesticulations, hissée comme une fleur au haut de sa tige, une petite lueur prend secrètement le relais, à laquelle depuis des lustres est attribué l’humble nom de « servante ».
Dominique Dupuy